Le problème avec Live Mentor
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Tu connais LiveMentor ?
Il y a un an et demi, j’avais postulé pour être coach au sein de leur formation en copywriting…
Et ils avaient dit non.
Apparemment, je n’étais pas assez expert sur les questions de SEO.
Le SEO pour une formation copywriting, tu commences à sentir l’arnaque ?
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais il y a une semaine je suis tombé sur un post de Lucie Rondelet (référence dans la rédac’ web) qui critiquait la page de vente de cette même formation Live Mentor.
Alors je suis allé jeter un œil…
Et je te laisse te faire ton propre avis avant qu’on en discute :
C’est quoi le problème ?
Le texte est au mieux maladroit, au pire insultant.
Si l’on simplifie le message, ça donne ça :
“Les rédacteurs web sont des esclaves sous-payés. La solution : se déguiser en copywriter parce que ça paie mieux et c’est un métier plus agréable.”
Tu as vraiment besoin que je t’explique ce qui cloche ? 😅
L’un des objectifs d’une bonne page de vente, c’est de placer le prospect dans un environnement d’achat détendu.
Tu vois ces pages que tu lis sans accroc, où tout te semble clair et cohérent ?
C’est ce genre d’ambiance que tu dois créer quand tu écris une page de vente.
Ici le souci c’est que même si tu n’es pas concernée par cette attaque envers la rédaction web, tu risques de trouver ça étrange.
Pourquoi ils tapent gratuitement sur ce métier ?
C’est quoi le problème avec Madagascar ?
Et surtout, qu’est-ce que ça fout là ??
Tu vois ce moment gênant où une personne à qui tu n’as rien demandé se lance dans une tirade sur l’immigration et que tu ne sais plus comment l’arrêter ?
C’est un peu cet effet-là.
Tu voulais juste savoir si la formation copywriting de LiveMentor te correspond, mais tu te retrouves à lire pourquoi les rédacteurs web sont, en gros, des miséreux.
Quelle était l’intention ?
J’imagine que le copywriter derrière cette catastrophe page de vente a tenté de créer un ennemi commun.
Si tu ne vois pas de quoi il s’agit, c’est un principe de tribalisme vieux comme le monde.
Les êtres humains ont besoin de faire partie d’un collectif et de lutter ensemble contre un adversaire désigné.
(Avec les conséquences dramatiques que cela a pu avoir au XXe siècle.)
Ici, l’ennemi commun : c’est le rédacteur web.
Il travaille jour et nuit, ses clients ne le respectent pas, il enchaîne les articles bas de gamme et tout ça sans pouvoir en vivre décemment.
Mais les élèves de Live Mentor valent mieux que ça ! Parce que ce sont des copywriters !
Quelle différence ? A priori aucune, il suffit de changer son nom de poste sur LinkedIn pour passer à un taux journalier de 600€, donc qui refuserait une telle offre ?
(Sarcasme.)
Créer un ennemi commun permet de déculpabiliser le prospect.
Il galère à vivre de son activité freelance, mais ce n’est pas de sa faute : c’est parce qu’il écrit des articles de blog et pas des pages de vente.
Il subit la concurrence déloyale des rédacteurs malgaches (ahhh encore un coup des malgaches !)
En principe, c’est une méthode qui permet de redonner de l’espoir au prospect et qui l’encourage à passer à l’action.
C’est logique : si tu es convaincu que le problème vient de toi, que tu es mauvais… Tu as juste envie de t’enfoncer dans ton canapé et de ne rien faire.
Mais si quelqu’un t’explique que ce n’est pas de ta faute, que la cause de ton échec n’est pas celle que tu crois et qu’il y a une méthode pour enfin atteindre ton objectif ?
Tu écoutes.
Le problème ici, c’est que ça ne fonctionne pas :
Pourquoi ça ne marche pas ?
Pour que l’ennemi commun fonctionne, il faut que 3 critères soient remplis :
1- Cet ennemi existe dans la tête de ton prospect.
2- Ton prospect n’a pas de lien affectif avec cet ennemi.
3- Cet ennemi est à la fois vague et précis.
Je détaille chacun des points pour que tu comprennes ce qui cloche avec la page de Live Mentor.
#1 - Cet ennemi existe dans la tête de ton prospect.
Si le prospect est un rédacteur web, il sait que son marché est très concurrentiel.
Si c’est un apprenti copywriter qui n’a jamais de rédaction, il a sans doute entendu parlé du travail de ses collègues.
A priori, on peut valider ce premier critère.
#2- Ton prospect n’a pas de lien affectif avec cet ennemi.
Ça commence à se compliquer.
Même si tu es un rédacteur web en reconversion, tu n’apprécies peut-être pas de voir Live Mentor cracher sur un métier que tu as exercé pendant quelque temps.
(Parce que la page n’attaque pas juste les rédacteurs bas de gamme, elle attaque toute la profession.)
Les rédacteurs qui apprennent le copywriting le font souvent par envie d’élargir leurs compétences ou simplement par curiosité intellectuelle.
Mais ils aiment profondément leur job de rédacteur !
Alors cracher ouvertement sur leur travail quotidien dans une page de vente est sans doute la dernière des choses à faire.
#3 - Cet ennemi est à la fois vague est précis.
Tu peux taper sur “l’industrie pharmaceutique”, “les entrepreneurs bling-bling”, “les grands patrons”…
Et ça marche très bien.
Pourquoi ? Parce que ces termes sont suffisamment vagues pour ne blesser personne en particulier, mais suffisamment précis pour que ton prospect comprenne de qui tu veux parler.
Encore mieux : comme tu ne donnes pas de nom, ton prospect est libre de mettre l’identité de qui il souhaite derrière ton insinuation.
Tu plantes une graine dans son cerveau et il se charge de la faire pousser comme un grand.
Ici, l’attaque est trop précise et potentiellement blessante pour tout un tas de rédacteurs qui n’ont pas envie de lire ce genre de choses.
Je ne sais pas toi, mais si un boulanger me traite d’enc**é, y’a peu de chances pour que je lui prenne des croissants tous les matins. Tu vois l’idée ?
Je dédie cet email aux charmants salariés de LiveMentor avec qui j’avais échangé l’année dernière.
Vous êtes adorables (vraiment), mais je pense que votre boîte se trompe dans sa définition du copywriting.
Ce n’est pas une évolution de la rédaction web : c’est un autre métier. Un copywriter n’est pas plus compétent qu’un rédacteur ou mieux payé.
Allez demander à Lucie Rondelet ou à Victoria Debargue si elles souffrent de la concurrence de ces terribles malgaches…
Au final, la condition de succès dans le copywriting et dans la rédaction web reste la même : être excellent dans ce que tu fais, travailler intelligemment et persévérer.
À très vite,
Sami
PS : Aux dernières nouvelles, LiveMentor a modifié sa page de vente. Je ne suis pas allé vérifier, mais le post LinkedIn sur le sujet les a fait réagir apparemment.
Comme quoi…